ALLÉLUIA,  JE ME SOUVIENS

L’histoire derrière le chant

“Alléluia, je me souviens” est un chant qui au départ était composé de 2 parties, qu’on a finalement décidé de regrouper en une seule, tant elles sont indissociables.

Alors que je m’apprétais à rédiger l’histoire de ce chant, je suis retombé sur ce mail que j’avais envoyé à l’arrangeur de l’album, en même temps que ma maquette (Projet Logic Pro X), pour lui expliquer pourquoi et comment j’en étais arrivé à composer ce chant.

Le voici dans son intégralité, je n’en ai pas changé un mot. Ma façon à moi de vous inviter en toute transparence dans cette phase de travail et de création… 

 

De : Stephane EGAZ
Envoyé : jeudi 25 février 2021 01:01
À : Cédric
Objet : “Alléluia” : Infos importantes sur le chant à arranger

 

Hello Cédric,

En complément du Projet Logic de « Alléluia », voilà comme promis quelques infos importantes.

On l’a chanté dimanche dernier à mon église, et ça a été un moment fort, très fort même !

Beaucoup de personnes sont venues me voir à la fin du culte pour me demander où et quand elles pourraient se procurer le CD, c’est bon ça… 😊

C’est un morceau un peu particulier pour moi, qui a une histoire un peu bouleversante, j’espère que tu es bien assis.

En fait, l’été dernier, j’avais à cœur de composer un chant pour le 105ème anniversaire de la commémoration du génocide Arménien (Avril 1915), où environ 1 500 000 arméniens (sur 2 millions) ont été déportés et massacrés par les Turcs, et dont mon grand-père a pu en être rescapé.

Il m’a raconté l’histoire de ce drame dans les moindres détails, quand je devais avoir 8 ou 9 ans.

Pour te situer le contexte et expliquer comment c’est arrivé, L’Arménie est le 1er peuple chrétien au monde (en l’an 301), et ce peuple, entouré de pays musulmans a toujours dû se battre pour préserver ses terres et son patrimoine culturel (notamment ses églises) pour ne pas succomber et se faire convertir à l’Islam comme l’ont toujours voulu ses voisins, encore récemment avec la guerre avec l’Azerbaïdjan dans la région de Haut Karabakh.

Pendant que je pensais à ça et à l’histoire bouleversante que m’avait raconté mon grand-père qui a vécu ce drame, je me suis demandé ce qu’il pouvait bien se passer dans la tête de ces arméniens à ce moment-là, eux qui étaient déportés et voués à une mort certaine.

Je me suis demandé comment est-ce que j’aurais vécu ça si j’avais été là et à leur place, et qu’est-ce que j’aurai fait moi.

Est-ce que je serais resté fidèle au Seigneur ? Franchement je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que eux, ils le sont toujours restés.

Alors j’ai composé ce chant en imaginant ces arméniens le chanter pendant la déportation, au pire moment de leur vie pour continuer à rendre Gloire à Dieu !

Quoiqu’il en coûte, et quelques soient les circonstances ! C’est ce que Jésus a fait pour nous, et pour nous sauver.

Je les voyais se tenant la main, et je les ai imaginés le chanter dans l’unité et avec beaucoup de dignité. Jusqu’au bout !

C’est pour ça qu’il sonne un peu « oriental », avec des accords mineurs, qu’il est un peu triste et mélancolique.

Mais c’est aussi un chant profond et rempli d’espoir pour tous ceux qui se confient en l’Eternel.

Parce que les arméniens ont toujours su renaitre de leurs cendres, parce qu’ils ne se sont jamais éloignés de Dieu.

Quand ils sont arrivés en France, la 1ère chose qu’ils ont fait, ça a été de construire des églises pour se retrouver et partager ensemble la parole de Dieu.

Alors voilà, je ne sais pas comment tu vois ce chant et ce que tu pourrais en faire.

Mais il m’a semblé important de t’en expliquer le contexte, parce que ce chant me tient vraiment à cœur.

Il rend hommage à ce peuple, et il rend grâce à Dieu pour les avoir relevé et permis de repartir de zéro.

Moi, je le vois un peu comme un chant Corse avec beaucoup de voix au début, et avec beaucoup de profondeur.

Quand je l’ai chanté dimanche à l’église, je voyais à quel point les gens étaient touchés, vraiment touchés, et on sentait vraiment la présence de Dieu.

Les chœurs du début qui viennent et qui s’en vont, symbolisent la déportation, le mouvement et l’unité de ce peuple, unis dans leur foi en Christ, malgré le terrassement de la tristesse et la souffrance.

Je vais rajouter au moins 3 ou 4 autres voix sur ce chant quand tu auras terminé de l’arranger, et je pense d’ailleurs que sur ce chant, ce serait cool de mettre une chorale. A voir.

Ensuite au niveau des paroles et de la mélodie, je l’ai voulu simple pour que ce soit un chant facile à chanter et facile à mémoriser.

D’abord un Dieu Éternel, qui devient un Père Éternel, et son fils, un Roi des Rois pour lequel nous nous unissons avec ses anges pour le louer.

Dernière chose importante : j’aimerai bien avoir une partie intro avec un Doudouk (c’est un instrument à vent qui vient d’Arménie) sur la mélodie du Délé Yaman (chant traditionnel arménien commémorant le génocide). Demande à ton pote Greg, il t’expliquera ce que c’est, je pense qu’il connait.

Je t’ai mis ça sur sur la 1ere piste du Projet Logic (pour que tu saches de quelle mélodie et quel son on parle).

La piste est mutée pour ne pas mettre le bazar. Attention par contre, c’est provisoire, c’est juste pour faire l’ambiance autour, on ne pourra pas garder cette piste sur le morceau, car je n’ai pas les droits d’auteur de celui qui joue dessus (Lévon Minassian).

Les accords pour soutenir la mélodie jouée au Doudouk sont très simples : Dm – Gm – Dm – A – Dm .

J’ai juste besoin du 1er tiers de la piste (pas la peine de le mettre en entier) et ensuite j’enchaîne sur les « Alléluia ».

Franchement ça va tuer ! Et quand tu l’auras terminé, tu seras la Méga Star auprès de tous les arméniens du monde entier 😊

J’essayerai de t’appeler ce vendredi matin en allant au boulot pour mieux t’expliquer tout ça de vive voix, avant que tu me prennes pour un fou.

Pour en revenir au Doudouk, je ne pense pas qu’il existe ce type d’instruments sur Logic, moi j’ai trouvé ça sur le net, et franchement, écoute les enregistrements de démo, c’est vraiment pas mal du tout. Ils parlent de compatibilité avec Kontakt5, mais je ne connais pas, et ne sais pas si ça marche avec Logic, ou ce qu’il faudrait faire pour que ça soit compatible avec Logic.

Mais toi tu vas savoir 😊 Si ça peut marcher sur Logic, ce serait Top, je l’achète direct !

Sinon, il faudra que je trouve un joueur de Doudouk, ça doit se trouver chez les arméniens, ou sinon, je contacterai directement Lévon Minassian, et je lui raconterai l’histoire de ce chant, je pense qu’il y sera sensible.

Après, pas sûr qu’après avoir joué avec Peter Gabriel,  Sting, Charles Aznavour, Christophe Maé, Hélène Segara, Patrick Fiori, etc… il accepte de jouer pour le petit Stéphane EGAZ inconnu au bataillon. Mais on sait jamais…

Voilà Cédric.

Sois bénis

A vendredi

Stéphane

Et voilà le texte que j’ai écrit pour accompagner la partie instrumentale au Doudouk de ce chant, qui sera finalement jouée et enregistrée dans une version exclusive à la maison, par le grand Lévon Minassian, la référence mondiale du Doudouk. Un rêve les yeux ouverts…

 

JE ME SOUVIENS

 

Je me souviens du jour et de cet homme

Qui me raconta pour la première fois

Ce qu’il avait vécu ce 24 Avril 1915.

 

Je me souviens encore du parfum de ce moment

Et de l’innocence de mes 9 ans, où je ne réalisais pas

Combien son histoire allait bouleverser la mienne

 

Je l’écoutais me parler de ce drame du passé,

De ce peuple arménien qu’on a voulu enterrer

Sans savoir et comprendre qu’en faisant cela,

Ce sont toutes ces graines qu’on avait enterrées.

 

A cet instant mes yeux se sont ouverts :

J’ai vu ces familles déportées et précipitées

Dans ce désert de Deir ez-Zor d’où l’on ne revient pas.

 

J’ai vu ces familles rayonnantes et dignes

Je les ai vu prêtes à rentrer dans la gloire

De celui qui vibrait dans leur cœur.

 

J’entends toujours ces battements, comme un chant d’espoir

Cette douce mélodie qui donne la force d’y croire.

 

Moi qui suis né dans un pays libre

Où l’on ne meurt pas pour ce que l’on croit,

Et qui vit dans cette époque se plaignant du moindre désarroi

 

Je veux me bercer de ces voix qui ne s’éteignent pas,

Et qui nous parlent encore de cet héritage, cet attachement

Envers le fils de l’homme, tel un trésor.

 

Je me souviens encore de cette histoire

Racontée par cet homme que tout le monde appelait Jean,

Alors que son véritable prénom, c’était Khoren

 

Oui Khoren, Cet homme si bon qui était mon grand-père…

 

 

Stéphane